On a toujours plein de choses à raconter lorsqu'on roule en moto, et quelle semaine ! Après le retour givré du mardi, voici le retour salé du jeudi matin :
5h30, mes collègues de travail arrivent pour la relève et m'annoncent qu'il fait nettement moins froid, zéro degré, tout est relatif, mais un brouillard des plus épais. Je vous passe le rituel d'usage pour le départ, pas de problème. La sortie de la zone industrielle se fait au pas, visibilité nulle, et de surcroît l'humidité retombe, je suis aussi mouillé au bout de trois kilomètres que s'il pleuvait ! Le dernier rond-point passé, avec un "angle d'attaque" d'environ 89°
, j'aborde la longue ligne droite qui m'amène à la prochaine difficulté, le "Pont des Relais", enjambant la voie ferrée, très découvert donc propice au verglas...
Les quelques voitures que je croise essayent les pleins phares, puis repassent en code, puis à nouveau en phare, genre appels de phares ?!? A quoi bon, je dois pas les éblouïr avec ce brouillard !
Merde, je me sens vraiment seul dans cette purée de pois et essaye de rester concentré à cause du gros gibier susceptible de croiser ma route en cette période.
Soudain au loin, enfin à 20/30 mètres, j'aperçois des lumières jaunes, bleues, rouges, s'agiter. Putain encore Noël ! Je coupe immédiatement les gaz et freine tout en douceur pour fondre sur un pompier me stoppant au pied du pont !?
-Bonjour ! Faites très attention ça glisse énormément ! Me dit-il. "Vous allez monter tout doucement puis les gendarmes vous guideront pour la descente..."
Ah ! Ok, y'a de la compagnie ce matin ! Trois bagnoles encastrées les unes dans les autres, un plateau-remorque qui débarrasse la voie, une ambulance, des gyrophares dans tous les sens... Moi qui étais seul tout à l'heure, ne me réjouis pas de cette animation. Le problème maintenant, c'est qu'il faut que je monte, et le pompier m'a coupé mon élan !
Bon...on y va...les pointes de pied de chaque côté en serrant les fesses, j'arrive à deux à l'heure au sommet... YEeeeees ! Le gendarme me fait signe de m'arrêter à nouveau. Je devine dans son regard son étonnement de me voir là en moto, à cette heure-ci, dans ces conditions.
-Mettez-vous sur le côté, la saleuse va passer, attention vos pieds ! Me lance-t-il.
Bon d'accord, je n'ai plus vraiment froid, vu que je réalise que je me trouve sur une immense plaque de verglas et malgré tout encore sur les roues, mais mes neuronnes ne percutent pas pour la saleuse, ni pour les pieds ?!?...
Celle-ci arrive dans un bruit sourd, en répendant son gros sel sur la chaussée, et arrivée à ma hauteur, m'asperge de sa saumure sur tout le côté gauche de la moto, avec pour résultat, botte et jean à hauteur du genoux tout blanc et la cristallisation du sel sur le moteur, qui maintenant semble être recouvert de neige !
A ce moment là, j'ai presque chaud sous mon casque !
Le gendarme essuie ses bottes et m'invite à descendre de l'autre côté. :wacko: Première...Seconde....je coupe et le frein moteur fait le reste. Ouf ! C'est passé, et toujours en équilibre ! Encore sept kilomètres de ligne droite et j'arrive enfin dans le garage, pour constater que ce putain de sel n'a pas bougé. Qu'est-ce qu'ils y mélangent ?! J'ai beau frotter le carter et le pot, ça résiste !
Après le petit café bien mérité, histoire de se calmer, les bottes dans l'évier, le fûtal dans le tambour de la machine, je vais me coucher... :baille:
Lorsque je me réveille en début d'après-midi, je constate qu'il pleut maintenant et, rare, mais de circonstance, en suis satisfait ! J'enfile l'équipement et file au Karcher en urgence, et là, forcément pas besoin de faire la queue... Vu le temps de merde... Mais bon, suis content, ma W retrouve son éclat.
Un peu fatigué moi... Vivement le week-end !!! :)